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Cépages et Terroir - Armagnac
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Cépages et Terroir

Les terroirs

En Armagnac, le terroir aussi se décline au pluriel. Le Bas-Armagnac, l’Armagnac-Ténarèze et le Haut-Armagnac constituent ensemble un vignoble à la forme d’une feuille de vigne qui représente 15000 hectares de vignes plantées (partagées avec l’IGP Côtes de Gascogne et l’AOP Floc de Gascogne, dont aujourd’hui 5300 ha sont identifiés pour produire expressément l’Armagnac) sur une partie des trois départements : le Gers, les Landes et le Lot-et-Garonne.

Le climat y est tempéré et doux. L’influence océanique, humide, atténuée par la forêt des Landes, est surtout sensible dans l’ouest de l’Appellation. A l’est, c’est le climat méditerranéen qui s’exprime avec le vent d’autan.

  • Le Bas-Armagnac, avec sa capitale Eauze, à l’ouest du pays d’Armagnac, s’étend sur une partie des départements des Landes et du Gers et représente 67 % des surfaces identifiées en Armagnac. Dans cette zone aux sols sablolimoneux, dits sables fauves, les meilleures eaux-de-vie sont délicates et très fruitées.
  • L’Armagnac-Ténarèze, autour de Condom, couvre le nord-ouest du Gers et le sud du Lot-et-Garonne. Elle représente environ 32 % des surfaces identifiées en Armagnac. Les Armagnacs produits sur ces sols boulbènes et argilo-calcaires sont souvent puissants et corsés.
  • Le Haut-Armagnac, dit Armagnac Blanc en raison des calcaires qui affleurent dans cette partie du pays, comprend l’est du département du Gers et une partie du Lot et Garonne. La culture de la vigne s’y est développée au XIXè siècle en période de forte demande et quelques producteurs y maintiennent encore aujourd’hui la tradition armagnacaise.

 

La vigne

En matière de cépage, la diversité et l’adaptation au terroir sont de règle.

Parmi les dix cépages autorisés dans l’élaboration de l’Armagnac, quatre impriment leur personnalité à l’eau-de-vie :

  • L’Ugni-blanc est le cépage de distillation par excellence. Il donne des vins acides, peu alcoolisés, qui après distillation produisent des eaux-de-vie fines et de qualité. Ce cépage s’adapte aussi bien à tous les terroirs de l’Armagnac.
  • La Folle Blanche est le plus connu. C’est le cépage historique de l’Armagnac qui dominait le vignoble avant la destruction de celui-ci par le phylloxéra en 1878, on l’appelait alors le " piquepoult ". Aujourd’hui, sur porte-greffe sa culture est plus difficile aussi est-il peu représenté. La Folle Blanche produit des eaux-de-vie fines, souvent florales et d’une grande élégance qui sont particulièrement valorisées en Blanche ou dans les Armagnac jeunes.
  • Le Baco (anciennement appelé « Baco 22A ») est une originalité dans le paysage viticole français. C’est un hybride, fils de la Folle Blanche et du Noah inventé par un instituteur landais, Monsieur Baco à la suite du phylloxéra. Il s’est particulièrement adapté aux sables du Bas-Armagnac où il donne aux eaux-de-vie de la rondeur, de la suavité et des arômes de fruits mûrs, particulièrement après un long vieillissement. Outre sa richesse organoleptique, le Baco a aujourd’hui un avantage de poids : c’est un cépage plus robuste, qui nécessite donc une utilisation moindre de traitements phytosanitaires, et c’est pourquoi la profession a œuvré pour qu’il soit définitivement inscrit au cahier des charge de l’appellation (il était auparavant voué à disparaître en 2011), ce qui a été acté en 2005 lors de la révision du cahier des charges de l’AOC Armagnac.
  • Le Colombard est aujourd’hui très utilisé et valorisé dans la vinification des Vins de Pays des Côtes de Gascogne. Sa distillation est donc confidentielle ; ses arômes fruités et épicés sont appréciés en assemblages.
  • Le Plant de Graisse (qui suscite un regain d’in­térêt ces dernières années parmi les produc­teurs), la Clairette de Gascogne, le Jurançon blanc, le Meslier Saint François ou le Mauzac blanc et rosé sont tous des cépages anciens, autorisés dans le décret d’appellation, mais ils ne sont représentés aujourd’hui que par quelques hectares de vigne.

 

Une vinification naturelle

Les raisins récoltés au mois d’octobre sont pressés, et le jus mis en fermentation de manière tout à fait naturelle, sans produit oenologique. Le vin est généralement acide et peu alcoolisé ; il a ainsi une bonne capacité à conserver toute sa fraîcheur et ses arômes jusqu’à la distillation.

 

L'INAO, de la parcelle au fût

Si les alcools mondiaux sont devenus souvent des produits industriels, l'Armagnac tient à renforcer sa place d'eau-de-vie viticole, inscrite dans un terroir et des usages, en un mot, une AOC de la vigne et du vin. Cette préoccupation associée à la refonte par l'INAO* des conditions d'agrément a conduit la profession à réfléchir, négocier, entériner et maintenant faire appliquer de nouvelles règles de suivi, contrôle et agrément de la production par l'INAO.

C'est l'identification des outils de production : parcelles, alambics et chai qui est le socle de ce suivi, chacun est expertisé selon un cahier des charges établi en concertation avec la profession. De nouvelles conditions d'agrément renforcent le contrôle de la qualité.

  • L'Armagnac est issu d'une parcelle de vigne conduite de façon spécifique sur un terroir approprié. L'identification parcellaire de chaque exploitation détaille les parcelles destinées à l'Armagnac.
  • L'Armagnac est distillé avec un alambic traditionnel à taille artisanale. L'identification des alambics atteste que les capacités, nombre de plateaux ... sont conformes aux usages et au décret d'appellation.
  • L'Armagnac est élevé dans des chais appropriés où les conditions de vieillissement (qualité du bois de chêne, capacité des contenants, bâtiment, aérations ...) sont attestées par l'Identification des chais. L'Armagnac est contrôlé qualitativement la première année d'élevage afin d'écarter des eaux-de-vie qui ne mériteraient pas l'Appellation. C'est le Contrôle Produit de l'INAO.

Chacun est bien convaincu que ces contrôles ne sont pas à eux seuls des arguments de vente, ils renforcent cependant le sérieux de la profession, la traçabilité de la production et à terme la qualité des Armagnacs.

* INAO : Institut National de l'Origine et de la Qualité

NB : à noter que contrairement aux appellations vinicoles, l’Armagnac n’est pas passé en AOP (Appellation d’Origine Protégée) qui ne s’applique pas, pour le moment, aux produits spiritueux. L’Armagnac reste donc une AOC.