Toutes folles de l'Armagnac ?
Longtemps exclues de la production et de l’imaginaire de l’Armagnac, les femmes sont aujourd’hui bien présentes dans le cycle de la production de l’eau-de-vie. Sous l’impulsion d’une jeune génération de femmes à la tête de maisons gasconnes, l’Armagnac n’a pas fini de se refaire une nouvelle jeunesse !
Quelle évolution ?
En 1991, un rapport ministériel relègue les femmes à l’accomplissement de tâches subalternes en affirmant que l’Armagnac demeure quasiment, de bout en bout, une affaire d’hommes. Depuis quelques années, il semble pourtant que le béret et la masculinité, signes distinctifs de l’Armagnac, soient battus en brèche.
À l’image de la viticulture nationale, l’Armagnac se conjugue de plus en plus souvent au féminin : aujourd’hui, près de 20% des chefs d’exploitation des unités viticoles sont des femmes. Cette génération de femmes à la tête de domaines, souvent familiaux, ouvre de nouvelles portes.
La première ambassadrice de l’Armagnac
Pourtant, dès le XVIIIème siècle, la femme joue un rôle non négligeable dans la promotion de l’Armagnac. En témoignent la vie et l’engagement de la Marquise de Livry au service de l’eau-de-vie gasconne ! En 1762, Marie-Christine de Maniban, épouse du Marquis de Livry, alors maître d’hôtel de Louis XV, reprend le domaine familial et profite de ses noces prestigieuses pour introduire l’Armagnac à la Cour de France. Exilée à Versailles, elle ne manque pas pour autant l’occasion de s’en retourner retrouver ses origines le temps de l’été afin de goûter à la dolce vita gersoise. Ainsi, ces aller-retour au « pays » lui offrent-ils la possibilité de garder un œil attentif sur la bonne conduite des vignes familiales et sur la production du château.
Si aujourd’hui l’Armagnac a su conquérir les contrées les plus éloignées de son berceau natal et faire le tour du monde, il doit donc pour beaucoup à la Marquise de Livry, qui sut lui donner l’élan nécessaire pour parcourir le si long chemin qui le séparait des provinces éloignées de sa contrée reculée !
Un Armagnac féminin ?
Malgré l’histoire pluriséculaire qui lie l’Armagnac aux femmes, d’aucuns constatent encore le manque d’intérêt qu’expriment certaines à son égard et se découvrent ainsi l’ambition de le leur faire découvrir. A cet effet, nombreux sont les domaines qui cherchent à élaborer des Armagnacs plus légers, plus ronds, plus aromatiques convenant plus facilement à l’idée que l’on se fait des goûts du palais féminin. Pourtant, la science le confirme, rien ne différencie le goût des femmes de celui des hommes : des études montrent qu’il est rigoureusement impossible de savoir, en goûtant un alcool, s’il était l’œuvre d’un homme ou d’une femme, ni s’il plaira plus à l’un qu’à l’autre.
Homme ou femme, le producteur -ou la productrice- élabore toujours un vin qui lui ressemble. Homme ou femme, celui ou celle qui goûte à l’Armagnac ne se fie qu’à ses préférences, tout simplement.
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