700 ans d’histoire, 700 usages

L’Armagnac est riche d’une histoire pluriséculaire, et la plus ancienne eau-de-vie française a traversé les âges sans prendre une ride. Toujours aussi fringante et stimulante, sa production n’a pourtant pas toujours été vouée à des fins de dégustation. Un petit retour aux origines s’impose.

En 1991, l’abbé Gilbert Loubès exhume de la bibliothèque du Vatican un document inédit intitulé Livre très utile pour conserver la santé et rester en bonne forme. Rien que ça. Cet ouvrage signé par Maitre Vital Dufour, Prieur d’Eauze et cardinal proche du Pape Clément V est daté de l’année 1310.

Un passage de cet ouvrage, dont l’ambition assumée est de préserver la santé, s’attarde sur les vertus thérapeutiques de l’Armagnac, alors baptisé « aygue ardente » (eau ardente). Des vertus thérapeutiques de l’Armagnac, cet ecclésiastique savant du Moyen-Âge en dénombre quarante.

Ainsi, selon le Maître Vital Dufour, l’Armagnac pourrait-il « guérir les hépatites si on en boit avec sobriété » ou encore « supprimer les maux de tête, surtout ceux provenant du rhume ».

Des vertus qui ne feraient effet que dans le cadre, bien évidemment, d’une consommation consciencieuse et prudente, l’eau ardente n’aurait, selon le Prieur d’Eauze, d’effets profitables que « si on la prend médicalement et sobrement ».

Un ouvrage fondateur qui prouve l’antériorité de l’Armagnac dans la sphère des spiritueux français, mais prouve aussi que parfois, certains produits naissent pour servir une certaine cause et finissent 700 ans plus tard par régaler les papilles de consommateurs tout autour du monde pour d’autres raisons.