A l’état brut
Lorsque le caviste tend à son client une bouteille d’Armagnac ou, qu’à la fin d’un repas, le maître d’hôtel l’apporte en digestif, chacun constate sur l’étiquette de la bouteille un volume d’alcool titrant généralement à 40°. Pourtant au sortir de l’alambic, l’eau-de-vie titre souvent à plus de 60°. Où sont passés les degrés perdus ?
La distillation est un processus long et complexe au cours duquel le vin se transforme en alcool. C’est dans l’alambic que le vin passe pour opérer sa mue. Progressivement, goutte par goutte, il se transforme en une eau-de-vie concentrée en alcool. Si concentrée que son degré d’alcool varie, d’après les règles de l’AOC, entre 52° et 72°.
Ce titrage élevé ne correspond pas à celui que l’on retrouve habituellement sur les bouteilles commercialisées qui affichent souvent un volume d’alcool de 40°. Où sont donc passés le 12 à 32 degrés manquants ?
Une partie s’évapore lentement – à raison de plus ou moins 0,5° par an – dans les fûts où repose l’eau-de-vie brute : c’est la « part des anges »[1]. Puis petit à petit, la dilution de l’eau-de-vie grâce à l’ajout de « petites eaux » – mélange d’eau distillée et d’Armagnac – réduit le volume d’alcool à 40°.
L’Armagnac brut de fût, c’est l’Armagnac qui est volontairement laissé à son degré naturel. Pour les curieux et pour les amateurs de sensations fortes, il est possible de goûter à ce spiritueux « à l’état brut » : c’est une explosion d’arômes, un tour de force, une démonstration de puissance qui exprime de la manière la plus fidèle possible, le caractère pur et rustique de l’Armagnac.
Et en Armagnac le « brut de fût » n’est pas une nouveauté marketing : appelé « degré naturel de vieillissement », il existe depuis toujours…
[1]Lien vers « La part des anges »
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