Dernière danse

La couleur de l’Armagnac, héritage de ses longues années passées en fût de chêne,  donne des indications sur l’âge de l’eau-de-vie et témoigne de sa profondeur et de sa complexité.

Lors du vieillissement en fût de chêne dans le confinement des chais, l’Armagnac entretient une relation fusionnelle avec le bois [1]. Grâce aux composés du bois, il emprunte au chêne une part de ses arômes, de ses saveurs et de sa couleur. Dans le fût, l’eau-de-vie forge son caractère et s’habille peu à peu d’une robe dorée transparente. Au fil des saisons, les nuances s’affinent et révèlent aux yeux avertis l’âge de l’eau-de-vie.

Admirer la couleur de l’Armagnac est la première étape d’une dégustation réussie. Les différentes teintes peuvent nous aider à connaître la durée approximative de l’idylle entre le chêne et l’eau-de-vie.

Le premier regard doit révéler un Armagnac brillant et limpide. On l’invite ensuite pour une dernière danse, durant laquelle le nectar virevolte au fond du verre à ballon (ou tulipe), que l’on tient par la cuvette entre le pouce et la base de l’index. Cette chorégraphie invite la lumière du jour à illuminer l’eau-de-vie gasconne de ses reflets éclatants.

Tourbillons et caresses !

Les nuances de jaune paille illuminent les jeunes Armagnacs (moins de cinq ans en fûts) tandis que les Armagnacs âgés (plus de vingt ans de maturation) foncent vers l’ambre profond et l’acajou. Entre ces deux générations, l’Armagnac arbore des nuances de topaze, de cuivre et de vieil or.

Pendant cette danse, où l’on touche avec les yeux l’eau-de-vie qui tourbillonne et caresse les parois du verre, l’Armagnac s’aère et libère lentement ses effluves parfumés.