L’eau à la source
En 1909, un décret entérine la création de l’appellation Armagnac. Depuis, seules trois régions sont autorisées à élaborer de l’eau-de-vie sous cette dénomination.
L’histoire de l’appellation commence à la fin du XIXe siècle. Suite aux ravages du phylloxera, le vignoble français renaît à partir de vignes greffées sur des plants américains résistants, dont certaines parties servent à la production de vins selon des méthodes industrielles (utilisation de raisins secs, ajouts de sucre et de colorants). Ces vins de moindre qualité encombrent les marchés et provoquent une baisse des prix de vente. Les vignerons du Midi ne l’entendent pas de cette oreille et le font savoir lors d’une grande révolte qui a lieu en 1907.
Pour se prémunir contre les malfaçons, les usurpations d’appellation et lutter contre cette concurrence déloyale, les producteurs d’Armagnac souhaitent faire reconnaître la noblesse de leur savoir-faire et la richesse de leur terroir. Tous s’accordent alors sur la nécessité de délimiter la zone de production de l’Armagnac afin de défendre le terroir et de promouvoir la production locale, à la manière des mesures prises à Cognac et en Champagne.
Des œuvres authentiques… et uniques !
Après une vive controverse, portant sur la délimitation des frontières d’une petite région, prisée pour ses sols réputés (les fameux sols appelés « sables fauves » de ce qui deviendra le Bas Armagnac), située à cheval sur les départements des Landes et du Gers, c’est Armand Fallières, alors président de la République française, qui officialise la création de l’aire d’appellation Armagnac. Lui-même propriétaire de vignes dans le département du Lot-et-Garonne, il signe le 3 mai 1909 le décret qui reconnaît le savoir-faire du pays et limite les zones de production dotées d’un terroir authentique. Trois régions se dessinent alors : le Bas Armagnac[1], le Haut Armagnac[2] et l’Armagnac-Ténarèze[3].
Malgré leur proximité géographique, les régions de l’Armagnac se distinguent par leurs influences climatiques, leurs reliefs et la composition de leurs sols. Ce cocktail forge la nature du terroir et le caractère des eaux-de-vie qui sont le fruit de cette terre. Chaque région élabore des Armagnacs authentiques et toutes revendiquent légitimement des œuvres uniques.
Si le décret de 1909 définit les contours des zones de production, il ne donne aucune consigne sur la manière d’élaborer l’Armagnac. C’est seulement en 1936 que l’Armagnac devient une Appellation d’Origine Controlée[4] (AOC), afin d’imposer une élaboration respectueuse de l’eau-de-vie, selon un savoir-faire artisanal qui contribue à sa qualité.
[1] Lien vers article Sables fauves apprivoisés (Rubrique : La Gascogne)
[2] Lien vers article D’autan en emporte le vent (Rubrique : La Gascogne)
[3] Lien vers article La route de César (Rubrique : La Gascogne)
[4] Lien vers article L’art de bien faire (Rubrique : 700 ans d’Histoire)
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