Les frères séparés : le goût du terroir (2/3)
Au-delà de l’histoire, véritable composante identitaire d’un spiritueux, qui a mené l’Armagnac et le Cognac sur des chemins différents, le terroir a lui aussi joué son rôle dans les divergences qui les séparent aujourd’hui.
Le terroir
On peut faire du vin aussi bien à Bordeaux qu’en Bourgogne, mais ce n’est pas pour autant qu’il est judicieux de s’hasarder à les comparer tant ils sont singuliers et représentatifs de leur région.
De la même manière, on peut faire de l’eau-de-vie de vin en Armagnac et à Cognac. Et de la même manière, ils portent chacun la marque d’une identité singulière, fruit d’un terroir et d’un climat, qui n’appartient qu’à eux.
Ainsi est-ce bien le terroir qui, le premier, différencie les deux eaux-de-vie : armagnac et cognac sont avant tout deux appellations bien distinctes.
Plus le kilométrage qui sépare deux régions s’accroît, plus le fossé climatique les séparant se creuse. Pour relier le Gers des Armagnaçais à la Charente des Cognaçais, il faut parcourir deux cents kilomètres. Si ce n’est pas énorme à l’échelle d’une carte de la France, les différences qui en découlent sont considérables. A l’issue d’un tel périple, les sols sableux de l’Armagnac se substituent aux sols calcaires que convoitent tant les viticulteurs charentais.
Le raisin
L’encépagement s’en voit légèrement transformé. L’ugni blanc, réputé pour sa capacité à produire des vins faiblement alcoolisés, plus apprêtés à effectuer un passage dans l’alambic, règne en maître dans ces deux régions : seules les proportions qui lui sont accordées varient.
A Cognac, où les vignes sont plantées d’ugni blanc à 98%, l’eau-de-vie finalement obtenue doit contenir au moins 90% de distillats issus de ce cépage uniquement (contre 10%, au plus, pour le distillat obtenu à partir des quelques autres cépages autorisés).
En Armagnac, 55% des surfaces déclarées pour la production d’Armagnac sont plantées d’ugni blanc, pour 35% de baco 22A, complétées de quelques autres cépages tels que la folle blanche ou encore le colombard.
Des différences qui influent directement sur le goût de l’eau-de-vie et c’est bien là la force du terroir : il est producteur de personnalité. L’Armagnac et le Cognac n’ont pas la même.
Tags :