Mariage arrangé
Le fût, ou pièce en Armagnac, est un outil nécessaire à la maturation de l’eau-de-vie. La sélection et la préparation du bois utilisé pour la confection des pièces répondent à des critères très spécifiques.
Pour qu’un Armagnac affirme sa personnalité, il faut qu’il soit bien élevé. La richesse de l’Armagnac naît de la relation fusionnelle, certains diront amoureuse, que le bois et l’eau-de-vie entretiennent. Pour préserver l’idylle pendant le vieillissement, la sélection, la transformation et l’assemblage du bois répondent à des exigences précises et à des procédés méticuleux.
Les mariages les plus réussis proviennent des vignes et des bois qui se côtoient. Leur voisinage est la source d’une complicité sacrée, propice à l’élaboration de chefs d’œuvre. Marier des vignes et des bois qui ont grandi côte à côte est un privilège rare dont profitent certains domaines. Seuls les chênes pédonculés et sessiles répondent aux critères du cahier des charges.
Les souvenirs du bois
On débite ensuite les chênes en billon d’1,10 mètre, eux-mêmes fendus en huit quartiers, pour faciliter le séchage, qui dure trois ans. Des quartiers, le tonnelier extrait deux ou trois merrains de 4,5 cm d’épaisseur qui servent à la fabrication des douelles, plus larges au milieu qu’aux extrémités.
Le séchage à l’air libre, qui expose le bois aux courants d’air, aux averses et aux rayons du soleil, accroît la force aromatique du chêne. Les saveurs emprisonnées au fil des saisons dans les fibres du bois dotent l’Armagnac de parfums sauvages. Ajoutées à la couleur, ces saveurs impriment les souvenirs boisés que l’eau-de-vie garde à jamais en mémoire.
Lorsque le bois est sec, c’est dans l’atelier que l’artisan tonnelier exprime l’étendue de son savoir-faire. Là, il travaille manuellement le bois, le façonne, le profile pour qu’il séduise l’eau-de-vie et lui transmette ce qu’il a de meilleur. De cette relation authentique naissent les plus grandes destinées.
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