Armagnac [aʁmaɲak]
Qu’il se penche dans les verres ballons, qu’il se lise sur les cartes de restaurants ou qu’il se classe au rang des meilleures bouteilles, l’Armagnac intrigue. Il fait l’effet d’un trésor authentique et lointain, pourtant à portée de main. Sous ce mot prestigieux, une eau-de-vie élaborée à partir de vins blancs, au cœur de la Gascogne.
Doyenne des eaux-de-vie françaises, ses premières gouttes coulent en 1310, sous le nom médicinal d’aygue ardente (eau brûlante) qui, au fil du temps et des usages, deviendra Armagnac. Quelques centaines d’années plus tard, le nectar gascon est officiellement reconnu par le décret Fallières de 1909 qui dresse les contours de sa zone de production. Consécration ultime en 1936 : l’Armagnac devient l’une des premières Appellations d’Origine Contrôlée françaises.
La précision historique est élémentaire mais fatalement incomplète. Car si l’Armagnac est chargé d’Histoire, chaque bouteille en raconte une plus importante encore : celle des éléments qui la composent, celle des hommes qui l’élaborent et celle du temps qui la magnifie.
A travers cinq-mille hectares de vignoble, toute la Gascogne se retrouve dans sa nature. Ses vignes parcourent une partie du Gers, des Landes et du Lot-et-Garonne, et se déclinent en trois terroirs : le Bas Armagnac, l’Armagnac-Ténarèze et le Haut Armagnac. Leurs qualités plurielles permettent aux dix cépages blancs autorisés d’offrir ce qu’ils ont de meilleur. Parmi eux, quatre marquent l’eau de vie de leurs empreintes : l’Ugni Blanc, le Baco, la Folle Blanche et le Colombard.
Les raisins sont vinifiés et le vin est distillé selon le savoir-faire local et traditionnel des artisans producteurs. Ce sont eux qui font naître l’eau-de-vie, grâce au travail dévoué de leurs mains, à l’attention minutieuse portée à la flamme de l’alambic et au respect sacré des années de maturation en fût. Le temps et le bois, de leur côté, éduquent et font grandir le nectar jusqu’à ce qu’il atteigne la fleur de l’âge. Il est alors embouteillé, pour prendre pleinement vie aux mains des consommateurs amateurs ou curieux.
Finalement, dire ce qu’est l’Armagnac est un exercice difficile, tant il est une affaire de sens et de sensations. Le meilleur moyen de le définir - et sûrement le plus simple - c’est de le déguster.
Tags :